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1848, 20 décembre, 20 désamb", Abolition de l'Esclavage, île de La Réunion, Esclavage, Fêt' Kaf, Fête Caf, Sarda-Garriga, Victor Schoelcher
Zordi vindésamb fèt kaf !
Zordi lé in zour pou la mémwar listwar La Rényon! Fo pa oublyé! Bat’ out roulèr, soukouye out kayamb, pik out sati, roul a li, pile a li, souk a li, ziska tèr fé lèv la poussyèr, fé lèv zespri zancèt zesklav! Sant’ maloya kabaré an zot lonèr!
Pou sad’ y larg’ pa lo boute, sad’ y tyinbo, sad’ y sobate pou zot kiltir kréol! Respé unité !
Une abolition qui mit plus de temps qu’ailleurs à être appliquée.
L’abolition de 1848 n’était pas la première. Le 4 février 1794, 4 ans après l’adoption par l’Assemblée de la « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen » l’abolition de l’esclavage avait déjà été proclamée par la Convention nationale.
Celle-ci fut appliquée dans toutes les colonies françaises à l’exception de La Réunion où les hommes envoyés sur l’île pour annoncer la bonne nouvelle aux esclaves furent rembarqués immédiatement par les exploitants/exploiteurs colons qui ne voulaient pas perdre la manne de cette main d’œuvre corvéable et maltraitable à merci !
L’esclavage n’ayant jamais cessé dans les Mascareignes, nul ne souffrit, donc, de son rétablissement officiel décrété par Napoléon Bonaparte, le 20 mai 1802.
Il fallut ensuite attendre le 27 avril 1848 pour que le Gouvernement provisoire de la République vote le « Décret d’abolition de l’esclavage », initié par Victor Schœlcher. A l’article 7, on peut lire : « Le sol de France affranchit l’esclave qui le touche ».
La Réunion fit encore EXCEPTION puisque c’est seulement le 20 décembre 1848 que ce décret entra effectivement en vigueur.
Mandaté par le ministre de la Guerre et de la Marine, François Arago, et son sous-secrétaire d’Etat, Victor Schoelcher, c’est Joseph Napoléon Sébastien Sarda, dit « Sarda-Garriga », qui fut chargé de porter l’annonce de l’abolition de l’esclavage sur l’île de La Réunion ainsi que d’en être le nouveau Gouverneur, afin de veiller au bon déroulement de ce profond changement.
Lorsqu’il débarqua sur l’île, à la mi-octobre, la campagne sucrière était loin d’être finie et il fut aussitôt confronté à la tension des colons dont les esclaves oeuvraient à « plein rendement » dans les champs de cannes.
Voilà pourquoi, bien qu’il fut censé proclamer son décret 24h après son arrivée, Sarda-Garriga changea d’avis et préféra entrer d’abord dans sa fonction de Gouverneur afin de se faire mieux connaître par ses nouveaux administrés, aussi bien colons qu’esclaves.
Il attendit en fait que la coupe des cannes soit arrivée à son terme pour annoncer, enfin, le 20 décembre 1848, la fameuse abolition que les esclaves attendaient tant depuis son arrivée.
Voici son discours officiel :
Sarda-Garriga quittera La Réunion en 1850, après avoir réussi à établir sur l’île une certaine stabilité malgré l’importance de ce changement radical.
L’abolition concerna 62 000 esclaves.
Heureusement pour les gros propriétaires blancs, les anciens esclaves se sont mis au travail pour continuer à produire les ressources nécessaires à la vie de l’île, et l’administration française a pu continuer à faire commerce de son café, sucre et autres productions de ses plantations.
Depuis 1981, cette date est devenue fériée à La Réunion.
Chaque 20 décembre, tout l’île vibre au son du Maloya et des instruments de musique traditionnels pour célébrer la « Fèt Kaf » (ou « Fête Cafre ») !
On appelait autrefois « Cafres », les Noirs qui vivaient en Cafrerie : vaste région de l’Afrique australe s’étendant (1300 km sur 2500 km) le long de l’Océan Indien, peuplée de plusieurs tribus dont les principales étaient celles des Koussas, des Zoulous, des Tamboukis, des Mamboukis, des Gokas, des Morolongs, des Betjouanas.
L’origine du mot ‘Cafre’ (ou ‘kaffer’ en afrikaans) viendrait de l’arabe ‘kafir’ signifiant ‘incroyant’ ou ‘infidèle’. C’est ainsi que les marchands d’esclaves arabes désignaient les habitants des régions allant du comptoir mozambicain au Cap sud-africain.
C’est pourquoi ce terme, ailleurs qu’à La Réunion, revêt une connotation péjorative, voire insultante !
Et c’est là qu’on salue le génie réunionnais qui retourne un mot pour le transformer en symbole et même lui donner une qualité supérieure : le terme *Cafrine* désigne, au sens large, une jolie fille et, dans l’intimité, une chérie >> L’amoureux n’a d’yeux que pour « sa cafrine » ou, plus exactement, en créole : « son kafrine » 😀